Toucher le vertige
Nous sommes tous fascinés par la majesté des montagnes et leurs sommets semblant inaccessibles. Face à ce paysage, nos émotions s’entremêlent : entre peur du vide et souffle existentiel, nous restons hypnotisés, tiraillés entre le frisson du vertige, le désir d’aller toujours plus haut et la peur du risque de l’ascension.
Et si nos faiblesses et nos angoisses étaient le plus beau moyen d’arriver au sommet ?
Dans son essai philosophique « Toucher le vertige », Arthur Lochmann explique que grimper, c’est exploiter les faiblesses présentées par le terrain pour y progresser. L’alpiniste exprime que le dérèglement de tous les sens et l’ivresse des défis extrêmes permettent d’aller au-delà et d’accéder à nos rêves.
Si la vue donne le vertige, il s’atténue par le toucher et par le fait d’agir. En effet, lorsque l’on voit la montagne à franchir et que l’on imagine ce qui nous attend, la peur est paralysante. Mais, quand on se concentre sur les sons qui nous entourent ou lorsqu’on heurte une pierre du pied, on prend conscience des étapes franchies. On avance alors plus sereinement vers le sommet,
Alors, si au bord d’un précipice nous éprouvons un tournis ou nous ressentons que quelque chose se détraque, il ne faut surtout pas regarder derrière. Nous levons les yeux vers le ciel et nous constatons que l’on s’approche de notre ambition : la quête d’un absolu, l’immortalité de nos rêves, l’invincible été, éternel comme les neiges du toit de l’Europe.