« Toute vie réelle est rencontre. » Cette phrase du philosophe Martin Buber résonne en nous depuis des mois. Tiraillés entre notre volonté de préserver la vie des plus fragiles et notre désir instinctif de permettre à nos enfants de s’épanouir pleinement. Le débat est difficile tant chacun porte en lui une vision différente de l’essentiel. Alors que certains se battent pour le maintien de la vie coûte que coûte, d’autres veulent protéger la liberté de la brûler intensément. Comment choisir entre ces deux visions de la vie quand elles sont si irréconciliables et leurs arguments incomparables ?

Nous avons créé juillet, au cœur de cette époque à barrières, comme un pont jeté vers Demain, parce que nous croyons au plus profond de nous que l’essentiel se trouve dans le partage, la découverte et la liberté. Cela ne veut pas dire que c’est simple, cela ne veut pas dire que c’est sans risque. Mais, nous avons ancré en nous l’idée que c’est la rencontre de l’autre qui nous construit et la certitude que c’est en se confrontant à l’autre que l’on se révèle.

La rencontre permet de se décentrer, de mesurer à quel point nous sommes complexes et multiples. Elle trouble. Elle surprend. C’est alors que l’on mesure à quel point le réel est toujours mieux qu’un idéal factice et qu’il est illusoire de vouloir se protéger de tout. Même risquée, même plus courte, rien de vaut une vie intense et partagée. L’autre exige de nous de s’adapter, d’accepter l’imprévisible, de savourer chaque instant. Et c’est cet essentiel que nous avons à transmettre à nos enfants. Apprenons-leur à se laisser guider par leurs espoirs plutôt que par leurs peurs. Offrons le goût du voyage et de la découverte. Permettons-leur de s’enrichir des liens qui nous unissent, des émotions qui nous bouleversent, et des instants qui font basculer l’existence. Parce que nous ne sommes jamais aussi vivants qu’en improvisant, laissons à nos enfants la liberté d’être surpris. Vivons. Fort.